top of page

PHÈDRE, de Sénèque


La Comédie-Française propose la « re-présentation » de l’œuvre du grand dramaturge de l’Antiquité grecque, qui offre un double titre, « Phèdre ou Hippolyte ».


Hippolyte se désole de l’absence du père tant aimée, Thésée. Sa belle-mère, l’ancienne amazone Phèdre, se brûle d’amour pour son beau-fils, tandis que celui-ci ignore les inclinations de sa marâtre et voue, aux femmes, le mépris le plus grec. Malgré les admonestations de sa nourrice, qui la prévient du danger, Phèdre se jette au cou d’Hippolyte, horrifié, qui court vers la mort. Arrive le roi, Thésée, qui découvre la situation, abandonnant Phèdre à sa douleur mortelle. Il ensevelit enfin son fils et prive l’adultère de toute sépulture. La foudre a frappé.


C’est à un jeune metteur en scène talentueux, Louise Vignaud, que ce spectacle a été confié. Le résultat est à la hauteur de l’enjeu : rythme, cohérence, intensité répondent à une traduction du texte assez réussie de Florence Dupont. Les belles lumières de Luc Michel créent un univers propice à la densité dramatique de l’œuvre.


La distribution correspond à l’exigence de l’ensemble : Pierre-Louis Calixte, magistral en « elfe-magicien », devient la voix du chœur. Najim Boudjenah compose un vibrant « Alceste de l’Antiquité », chaste, intègre, ennemi de l’intrigue et de l’avilissement. Claude Mathieu, immense comédienne, donne à la Nourrice les accents du bon sens et de la civilisation, étonnamment actuels, tandis que Thierry Hancisse, adulé par le public, invente un Thésée royal, tranchant, douloureux et implacable à la fois : superbe. Jouer Phèdre, après tant d’immenses tragédiennes, doit donner le vertige et Jennifer Decker propose sa simplicité minimaliste de jeune femme contemporaine, plus violente que passionnée, qui séduira ou moins les uns et les autres.


Belle version du chef-d’œuvre imposant de Sénèque : on jouit du texte, malgré les excès d’une musique qui voudrait, arbitrairement, s’imposer comme seul vecteur d’émotion, face aux mots crus, tellement plus efficaces. Mais les voix puissantes de cette troupe hors du commun savent dire, plus haut, la beauté pure de ce texte.


Christian-Luc Morel


Comédie-Francaise, Studio-Théâtre, Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, Paris Ier.M° Palais-Royal ou Tuileries. Location : 01 44 58 98 58. Jusqu’au 13 mai.



Mots-clés :

Suivez-nous
  • Twitter Basic Black
  • Facebook Basic Black
Chroniques récentes
bottom of page