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LE CAPTIF, d'Olivier Sourisse


Le Captif (Photo Antonin Godfryd)

Sous les maisons radieuses, sous la table des réunions de famille, sous l’escalier, au plus secret des représentations humaines, il y a une cave, pas celle du vin ou des fruits à sécher, mais l’endroit où des enfants passent leur enfance, à entendre des bruits, des cloches d’école ou d’église, des pas qui annoncent la nourriture qui laissent en faim. Ou des visites de silhouettes, caressantes et brutales.


Le Captif, là, repose, s’oppose, parle, ne se sait ni garçon, ni fille, attend que des mains le définissent, par le désir subi. Il a un père, une mère, mais pas de nom. La matière ne se nomme pas.


Le Captif n’est pas fou, c’est le monde qui est schizophrène. Alors, il peut entendre des voix, créer son théâtre, piéger ses corrupteurs, oser une pureté qui le définirait. Et marcher vers la lumière, celle du soleil par une planche fendue, ou celle de la sortie, l’imagination, qui peut devenir le réel.


Ce texte, très audacieux et troublant, du dramaturge Olivier Sourisse, révélé par Stavanger, appartient à la tradition de « l’écriture à l’estomac », qui ne laisse pas indemne. C’est un voyage au bout de la nuit, mais un voyage vers la lumière. La mise en scène de Frédéric Fage, pure, intense comme un silence avant le cri, les lumières révélatrices d’Olivier Oudiou et le son inventif d’Aymeric Lepage, permettent au texte de libérer sa vibration singulière et douloureuse. L’interprétation, enfin, d’Hugo Miard, sublime comédien, vertigineux d’incarnation, nu et habillé, détruit et victorieux, interloque et convainc.


Le Captif exerce l’attrait irrépressible d’une écriture originale, incarnée et révélée avec grâce.

CL Morel


La Manufacture des Abbesses, 7, rue Véron, Paris XVIIIème, M° Pigalle ou Blanche. Location : 01 42 33 42 03. Tous les jours, à 19h00, sauf du dimanche au mardi inclus. Jusqu’au 30 décembre.


Hugo Miard dans Le Captif (Photo Antonin Godfryd)

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