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LES FOURBERIES DE SCAPIN, de Molière


Quel enjeu que de monter Molière, et cette pièce, dans sa maison !


Que dire de plus ? Que ne pas décevoir, après tant d’immenses comédiens, de mises en scènes somptueuses, de public ivre de Théâtre et de souvenirs éternels !


Alors, il y a Podalydès et la scénographie d’Eric Ruf, et le désir vibrant de montrer un spectacle d’humanité et de « monde renversé », compréhensible des Andes à la Papouasie. Il n’y a donc peut-être pas de culture française…tant elle est universelle.


Des jeunes gens s’aiment, sans génie. La « vieillarderie » gouverne, avec ses vices, la ladrerie, l’intimidation et entend bien tordre toute velléité de bonheur des jouvenceaux. Mais Scapin, le roué, le fin observateur se promet de contredire le destin. Grand distributeur de coups de bâton sur vieux fondements, il rétablit l’ordre des enfants et des poètes qui jouent, rêvent et abattent d’un souffle le monde ancien.

Comédie brillante, aux répliques si célèbres (« Mais qu’est-il donc allé faire à cette galère ? »), farce et conte philosophique, « Les Fourberies » méritent l’excellence et le public est exaucé.


La mise en scène de Denis Podalydès époustoufle, charme : il y a du cirque, du « guignol », de la veine de bois de tréteau, dans cet exercice de voltige et de fantaisie. Bravo !


La troupe, conquérante, exulte et communique son ardeur : Benjamin Lavernhe, désinvolte, incarne un Scapin calme, « hénaurme » d’audace et de culot, indestructible, sous une apparence de bobo échevelé tombé de son vélib. C’est le Scapin d’une génération, au moins. Didier Sandre, inouï, est transformé en cacochyme grognant, machine à ne pas distribuer d’argent qui grince, bastonné et re-bastonné avec un dispositif … chut … à découvrir. Bakary Sangaré étonne par sa folie et son exubérance, rarement aussi libre. Gilles David, que le public aime, contrebalance l’abominable endurcissement de Géronte-Sandre par une pudeur vociférante: quel comédien délicat ! Gaël Kamilindi est parfait dans le rôle de Léandre (excellente diction) tout comme Julien Frison en Octave. Si Claire de la Rüe du Can compose une honnête Hyacinthe, les aigus surjoués d’Adeline d’Hermy peuvent faire grincer quelques dents mal ajustées…Pourtant, c’est une belle comédienne.


Mais l’ensemble donne tant de jubilation que le public refuse de s’arracher à son bonheur.

Superbe, juste, irrésistible. Le spectacle fera date.


Molière aussi a bien dû s’amuser.


CL Morel


Comédie-Française, 1, place Colette, Paris Ier. M° Palais-Royal ou Pyramides. Location : 01 44 58 15 15. En alternance.i. Jusqu’au 11 février 2018.

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