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LA SPECTATRICE ET L’ESTIVANTE de Joël Dragutin


Voilà deux monologues qui fusionnent comme s’ils n’avaient jamais été séparés. Deux femmes qui ne transgressent aucunement dans leur quête de l’authenticité des rapports humains, à mille lieues du manichéisme dont les lettres semblent s’imposer comme l’épitaphe ultime sur notre Terre bientôt défunte. Car nul doute que le verbe de l’auteur est à lui seul un scalpel meurtrier, tueur des trafiquants de nos sens de perception, eux-mêmes manipulés par les puissants.


Que ce soit dans l’un ou dans l’autre, la merveilleuse et talentueuse Stéphanie Lanier excelle dans l’impertinence glamour, réfrénant à la juste limite de la subtilité sa pensée cruelle envers des aidants parfois plus monstrueux que les ennemis de leurs patients. Que leur champ d’action se situe en Afrique ou ailleurs, le regard aiguisé de l’Estivante, voire de la Spectatrice, semble prendre ses couleurs dans la froideur des faux sourires, des joies avortées, surtout dans les détresses des plus fragiles, dont se servent les plus vils de notre espèce à des fins évidemment malsaines ; migrants, expatriés, spectateurs impassibles ou bien couples en mal d’amour.


Et si le texte est fluide, s’il percute là où ça doit aller pour nous faire prendre conscience qu’il est encore temps de réagir, la présence corporelle de l’actrice est tout en nuance, élancée, toujours en mouvement, laissant à son regard le soin d’immobiliser le nôtre, durant quelques secondes, histoire de nous faire reprendre une respiration salutaire.


En un mot, c’est brillant.


Anne Champaigne


Ninon Théâtre, 5 rue Ninon Vallin, 84000 Avignon. Location : 04 84 51 05 22. Tous les jours, sauf le jeudi : 12H40. Jusqu’au 30 juillet.

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