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JUSTIN PREND DU SPECTRUM de Rémi de Vos


Les mauvais esprits sont convoqués.


Le consensus - mou serait un pléonasme - et la bien-pensance vont subir un déculottage de finition. Rémi De Vos, aux manettes d’un bombardier linguistique, entame un largage salutaire sur le champ plat de la cervelle trop rarement stimulée. Elle se rétractera comme sous l’effet du citron.


Une maison de cure. Justin, un simplet, s’apprête à entamer son service d’esclave universel, homme à tout faire pour lequel rien n’est fait. Il parle tout seul, se rassure dans le silence. Il compare des fromages rivaux, comme on se prépare à voter. Il divague sans braquet. Arrivent deux vieilles coquettes, jamais à la retraite, certaines de leur jeunesse conservée grâce aux tablettes de jouvence, préposées à la réception, hôtesses d’écueil bien écaillées. Elles le méprisent, il les supporte. Un cachet pour s’ennuyer niaisement et s’éblouir de couleurs pastel. Tout cela va finir mal : erreur de posologie ou vie qui reprend ses droits à la mort ? Il parait que l’on se trouve en 2050 ! Ouf ! Ouf, au fait ?


La farce, signée au stylet balafreur de Rémi De Vos, monte en puissance, inexorablement, servie par une mise en scène très visuelle, opéra de cantatrices étranglées par la gélule et de muet qui hurle, création visuelle et bigarrée d’Olivier Oudiou qui réussit son coup comme un duel de rêves achevé presque au jour. Olivier Oudiou a choisi ses comédiens et s’impose son choix souverain : oui à Bruno Boulzaguet, inquiétant, mutant, incarnant un Justin ivre-mort de solitude, oui à Yveline Hamon, magistrale, Brunehilde shootée, hilarante, oui enfin à Maryse Poulhe, superbe comédienne, dans le rôle d’une pauvre fille naufragée, drôle jusqu’au malaise. La musique envoutante de Bertrand Maillot, les lumières d’Olivier Oudiou (c’est un maître, aidé de son « disciple », Thomas Cottereau), sans oublier costumes et apprêtements de Mesdames Sylvette Dequest et Catherine Nicolas, contribuent à styliser l’univers si personnel de Rémi De Vos.


Jouissance exaltée d’une cervelle stimulée presque…naturellement..


CL Morel


Théâtre 95, puis Théâtre de l'Atalante, 10 place Charles Dullin, 75018 Paris. Métro : Anvers. Réservation : 01 46 06 11 90. Lundi, mercredi et vendredi à 20h30 / mardi*, jeudi et samedi à 19h00 / Représentation exceptionnelle le dimanche 18 juin à 17h /*Relâche exceptionnelle le mardi 20 juin. Du 17 au 30 juin 2017

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