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LE PETIT-MAÎTRE CORRIGE, de Marivaux


Il y a droit à une deuxième chance. Même pour une pièce de Théâtre.Créée au Français en 1734, « Le Petit-Maître corrigé » ne connut pas de troisième représentation. Avant ce spectacle de l’hiver 2016/17, toujours à la Comédie-Française où l’on découvre enfin ce joyau empaqueté.

En France, quelque part au bord de la mer. Un charmant jeune homme « lancé », Rosimond, parisien raffiné, coquet et un tantinet sot, est promis par sa mère, la Marquise, à une jeune et fraîche provinciale, Hortense, fille de hobereau éclairé. Le jeune homme, par pudeur ou immaturité, peine à montrer ses sentiments, pourtant réels. La Femme, de toute manière, ne peut être aimée, l’épouse, moins que toute autre. Aidé, malgré lui, par les manigances de son valet, Frontin et de la suivante de sa fiancée, Marton, persécuté par l’amour encombrant de Dorimène et piqué par la déloyauté de son ami Dorante, le galant masqué peut enfin ouvrir son cœur et ne pas laisser passer un bonheur durable.

Dénonciation de la confrérie, jamais éteinte, des Petits-Maîtres, ces jeunes gens qui n’aiment pas sincèrement les femmes, cette œuvre de Marivaux, génie de la langue française, offre de délectables dialogues et le spectacle d’une sorte d’éclaircie de l’intelligence, par l’épreuve. Loïc Corbery incarne ce jeune homme armuré de délicatesse qui ne parvient plus à entendre les battements de son cœur. C’est un comédien si délicat lui-même qu’il parvient à humaniser ce petit marquis trop moucheté. Le valet, Christophe Montenez, excellent, Didier Sandre, majestueux, et Pierre Hancisse, le très trouble « ami » et rival, forment la distribution masculine. Pour les dames, on retrouve avec plaisir Dominique Blanc, savoureuse mère autoritaire, Florence Viala, en impérieuse maîtresse, délectable, Adeline d’Hermy, gouailleuse et épaisse Marton, la suivante, ainsi que Claire de la Rüe du Can, en petite fiancée piquée au vif.

Le metteur en scène, Clément Hervieu-Léger, a mis beauté et mouvement au cœur de son travail, sur la scénographie heureuse d’Eric Ruf. Le décor, nordique et venté, planté d’oyats, évoquerait, presque, un sous-titre : « La Raison dans la dune ». Superbe gravure.


CL Morel


Comédie-Française, 1, place Colette, Paris Ier, M° Palais-Royal. Location : 01 44 58 15 15. En alternance. Jusqu’au 24 avril 2017.

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