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JUSTE LA FIN DU MONDE, de Xavier Dolan, d'après la pièce de Jean-Luc Lagarce

Le pari était osé, et force est de reconnaître que Xavier Dolan a su le tenir avec brio.


Alors qu’il est habitué à faire danser ses comédiennes sur des bandes sonores hurlantes et parfois sirupeuses, dans ce film, c’est au fond des tripes de tout un chacun qu’il va chercher la petite musique étouffée depuis l’enfance. Certes, au début il y a le refrain de façade, mais parce qu’il a su merveilleusement bien respecter le texte de Jean-Luc Lagarce, Xavier Dolan offre à la parabole des structures familiales complexes une résonance fluide et organique, sans fioriture.

Pour compléter la sensation de bien qui me vient naturellement de ce film, il est impossible de faire l’impasse sur les comédiens. Plus particulièrement au sujet de Gaspard Ulliel, magnifique taiseux qui ne parle que pour respirer son mal-être et son dégoût pour l’incompréhension que font de sa vie sa mère et les autres membres de sa famille. Sa mère, justement, incarnée par une Nathalie Baye au sommet de son art, d’une justesse aux accents d’expatriée d’elle-même, tant elle focalise sa propre existence sur la surface miroitée des pupilles de son cher fils, qui usé de servir de catalyseur de non-dits assassins, finira par sortir du jeu, à bout de souffle, sans être parvenu à dire son adieu.


Certes, il serait injuste de ne pas évoquer le reste de la distribution, avec une Marion Cotillard très à l'aise dans ce rôle, magnifiquement dirigée, à l'image de Léa Seydoux, parfaite en sœur rebelle, paumée mais pas idiote. Quand à Vincent Cassel, si durant les dix premières minutes il semblait plus égaré que son rôle le lui demandait, il finit par acquérir un relief lumineux.


De toute évidence, Juste la fin du monde est un film qui ne laissera personne indifférent, peut-être même promis aux accusations les plus dures de la part des puristes, mais qui, une fois la gomme du temps passé, deviendra un film de référence.

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