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LE CERF ET LE CHIEN, de Marcel Aymé



Extraite des « Contes du chat perché », cette œuvre peu connue s’installe au Studio-Théâtre de la Comédie-Française, pour enchanter ce temps de l’Avent, jusqu’à Noël et la Saint-Sylvestre.

Deux fillettes habitent une ferme, à la lisière de la forêt. Leurs parents, deux rustres bornés, leur permettent peu de distractions. C’est le temps de la chasse. Un chien, Pataud, trahit la meute qui poursuit un cerf et offre à celui-ci le refuge de la ferme. Toléré par les rustauds, il s’accommode de sa domestication, auprès du bœuf, piétineur et ratiocineur, jouit de l’affection des fillettes mais regrette bientôt la liberté et ses dangers. Un jour, il quitte la routine et affronte son destin. Le chien annonce à la famille sa mort et se propose comme nouvel ami. Tout rentre dans l’ordre. La meule peut continuer de grincer.

On connait le ton incisif de l’auteur de « La tête des autres » et de « La traversée de Paris ». Ce grand ami de Céline dépeint l’humanité bornée et le péril des insoumis avec, dans cette fable, une morale terrible - ne pas sortir de sa condition puisque la mort est certaine - et lumineuse - l’homme peut choisir la noblesse pour mourir.

L’écrivain, Marcel Aymé, est magnifiquement servi par le metteur en scène, Véronique Vella, excellente, ailleurs, dans la comédie et le chant, qui, avec la scénographie charmeuse de Julie Camus et les costumes « à la Cocteau » d’Isabelle Benoist, signe un spectacle d’une beauté et d’une élégance dignes des enfants et visible par tous ceux qui bougent encore. Jean-Luc Ristord, Vincent Leterme et Lucette-Marie Sagnières officient à la musique avec une talentueuse unité.

La distribution : Michel Favory, le chat-scribe, griffeur et détaché, Alain Lenglet et Cécile Brune, thénardiers sylvestres, irrésistibles, Elsa Lepoivre et Véronique Vella, fillettes gourmandes de nouveauté, Jérôme Pouly, chien-chasseur mi-homme mi-bête, truculent de grimaces, Stéphane Varupenne en bœuf-compagnon de bar, copain-Jeff à cornes, formidable, et avec Eliot Jenicot, brameur-danseur, tragique et éphémère, bouleversant.

Une réussite absolue et la grâce douloureuse d’une promenade en forêt.


CL Morel


Studio-Théâtre, Comédie-Française, Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, Paris Ier, M° Palais-Royal ou Tuileries. Location : 01 44 58 98 58 Tous les jours sauf lundi et mardi, à 18h30. Jusqu’au 8 janvier 2017.

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