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FANNY ET ALEXANDRE , d'après l'oeuvre d’Ingmar Bergman


Le célèbre film de Bergman, et l’un des plus populaires, donne lieu à une adaptation en spectacle au Français. Pas de texte théâtral, mais une représentation onirique et réelle : des mots et un miroir.


Nuit de la Noël. Suivant une tradition familiale, les Ekdal se retrouvent pour la fêter, maris, femmes, enfants et domestiques, autour d’une sorte de Reine-mère », veuve, propriétaire des murs, couvant ses fils - dont Oscar, piètre comédien - qui dirige les affaires. On dit des textes, on se souvient, on se moque des « pièces rapportées », on s’attendrit sur Alexandre et Fanny, enfants d’Oscar et Émilie. Survient un drame : Oscar s’effondre, foudroyé par une attaque. Fin du rêve, fin d’une réalité heureuse.


Émilie, devenue veuve, se remarie avec un ombrageux dignitaire protestant - flanqué d’une sœur démente et anorexique - qui hait ses beaux-enfants. Le fanatique puritain s’acharne. Alexandre et Fanny entrent dans l’enfer de la vertu, de l’auto-délation, de la transparence obligatoire. La réalité devient cauchemar, l’imaginaire, seul, peut renverser l’ordre sec et unique. Le rêve, seul, possède cette force éolienne.


La traduction d’un texte non-théâtral peut présenter des limites. Parfois, on sourit de certaines bévues : le jeune Alexandre ne dit-il pas « Habemus papam » (Nous avons un pape) devant un pasteur que cela doit laisser…de glace. Mais la troupe, toujours aussi enfiévrée, s’empare de l’exercice et le transforme avec succès : Denis Podalydès et Elsa Lepoivre, admirables, Hervé Pierre et Florence Vialla, mais aussi Laurent Stocker, en raté méchant et insatisfait face à une hilarante et teutonne Véronique Vella. Dominique Blanc, magistrale, incarne la veuve-mère avec une féroce autorité, tandis que Thierry Hancisse, frère scandinave du Robert Mitchum de « La Nuit du chasseur », incarne le Puritain, avec Anne Kessler, effrayante et fausse aveugle, pour sœur. Alexandre est bouleversant - Jean Chevalier, à suivre - sans oublier le jeune Aron, Noam Morgenstern, tout en finesse, une silhouette dans le brouillard.


Belle prestation de comédiens, dans un genre indéfini et inventé, ce qui n’est pas la moindre des qualités du metteur en scène, Julie Deliquet.


CL Morel

Comédie-Française, 1, place Colette, Paris Ier, métro : Palais-Royal ou Pyramides. Location : 01 44 58 15 15. En alternance. Jusqu’au 16 juin 2019.


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